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Une alternative socialiste européenne

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Véronique De Keyser, Députée européenne, Vice-Présidente du groupe Socialistes & Démocrates au Parlement européen et Jacques Delors, ancien Président de la Commission européenne, Président fondateur du think tank Notre Europe

Hannes Swoboda, Président du Groupe S&D du Parlement européen, Harlem Désir et les signataires de l’Appel « Pour une Alternative Socialiste Européenne », dont Véronique De Keyser – qui fut l’une des premières à signer cet Appel – ont participé à la conférence « Les réponses à la crise européenne, les propositions de l’Appel pour une Alternative Socialiste Européenne », ce mercredi 28 mars au Parlement européen à Bruxelles.

Jacques Delors, ancien Président de la Commission européenne, Président fondateur du think tank Notre Europe, était l’invité d’honneur de ce débat, ainsi que Paul Magnette, Ministre belge des entreprises publiques, de la politique scientifique et de la coopération au développement. Jacques Delors et Paul Magnette sont venus défendre cet Appel « Pour une Alternative Socialiste Européenne » dont voici le contenu :

Une alternative socialiste européenne

Les citoyens européens peuvent aujourd’hui juger par eux-mêmes les conséquences de la domination de la droite au pouvoir dans pratiquement tous les Etats membres de l’Union européenne en même temps qu’elle fait la loi à Bruxelles. La gestion de la crise des dettes souveraines par les conservateurs, n’a été qu’une désolante saga de gabegie politique et d’incompétence économique. Les citoyens vont maintenant payer le prix des illusoires remèdes miracles du pouvoir comme dans les années 20 avec un taux de chômage similaires à ceux des années 30. Le modèle mis en avant est celui d’une Union Européenne de l’austérité qui réduira le niveau de vie de presque tous, aggravera les inégalités, sapera les fondations de l’Etat social – qui est une contribution spécifique de l’Europe au développement de l’humanité – et cédera progressivement le pouvoir d’arbitrage politique à des autorités non élues, dans l’espoir, vain, d’apaiser le marché.

Nous, signataires, députés européens belges mais aussi membres de partis socialistes , sociaux-démocrates et travaillistes européens, sommes convaincus que les citoyens européens méritent mieux que les perspectives inquiétantes promises par les conservateurs au pouvoir et les résultats catastrophiques qu’ils ont obtenus. A cette fin nous proposons quelques idées fondamentales pour une réforme socialiste qui pourrait constituer la base d’un nouvel appel aux citoyens européens.

L’histoire s’est accélérée ces dernières années, et les socialistes européens sont restés en retrait. Souvent incapables de fédérer la colère publique contre la haute finance, réticents à coopérer avec les autres socialistes au pouvoir dans les Etats membres de l’UE, souvent trop timides dans les forums internationaux.

Pire, le mécontentement engendré par les politiques actuelles de l’UE et de ses gouvernements a été exploité politiquement non par la gauche, mais par des populistes xénophobes, des nationalistes et l’extrême droite.

Cette période de crise sonne comme un bilan pour une droite européenne incapable de faire face à tous ces tourments ni d’offrir à l’Europe la moindre direction. La gauche doit être en mesure d’offrir un ensemble cohérent de propositions alternatives pour répondre à la crise.

La gauche devrait maintenant développer une plateforme commune pour l’avenir. Celle ci devrait comprendre les dix composants suivants :

1 – Une politique économique pour l’Union qui place les objectifs économiques et sociaux inscrits dans le Traité (croissance, plein emploi, inclusion sociale) au coeur du processus de décision politique; en complément, une actualisation des objectifs sociaux de l’Union est urgente pour intensifier la lutte contre la pauvreté et renforcer le dialogue social ; à cette fin, un ensemble de droits et d’objectifs sociaux fondamentaux devraient être inclus dans le Traité avec les mêmes instruments de surveillance et de mise en oeuvre que ceux qui existent pour garantir les libertés économiques;

2 – La viabilité de la monnaie unique: le mandat de la BCE doit évoluer en reconnaissant son droit à acheter des obligations d’Etat quand la monnaie est attaquée, avec une responsabilité effectivement partagée pour la gouvernance économique; si la BCE n’est pas autorisée à agir pour sauver la monnaie qu’elle est censée gérer, à quoi sert-elle ?

3 – Une réforme budgétaire: les augmentations du budget européen doivent être consacrées en priorité à promouvoir les technologies innovantes, à financer des investissements utiles aux citoyens, d’infrastructure et de développement durable ; le budget doit être géré en lien, et en utilisant les capacités de la Banque Européenne d’Investissement ;

4 – Une réforme des recettes: les ressources propres de l’UE doivent être renforcées par des taxes sur l’énergie; les Etats-membres devraient se voir accorder plus de marge de manoeuvre pour réduire la TVA pour stimuler la consommation intérieure et supprimer les fiscalités régressives ;

5 – Une taxe sur les transactions financières qui soutienne les incitations à l’emploi pour les PME dans l’industrie et les services, qui encourage la recherche et le développement et qui finance des biens communs mondiaux, tels la lutte contre le changement climatique et l’aide au développement ;

6 – Des investissements européens soutenus par des Project Bonds émis par l’Union, et garantis par la BCE, se concentrant sur la réalisation de l’immense potentiel de la nouvelle économie verte (…);

7 – Une base plus juste pour le commerce international: les négociateurs de l’UE doivent obtenir un nouveau mandat pour lutter contre le dumping social et environnemental ; des taxes doivent être prélevées sur les importations de pays tiers qui ne respectent pas les normes environnementales européennes ;

8 – Un soutien plus fort à nos pays voisins, pour s’attaquer à l’inégalité inacceptable et insoutenable entre l’UE et ses voisins de l’Est et du Sud ;

9 – Une présence plus ferme et unie sur la scène internationale, mettant à profit notre pouvoir collectif politique et économique pour promouvoir nos valeurs et nos intérêts au-delà de nos frontières, et en prenant notre part à la résolution du conflit du Moyen-Orient ;

10 – Le renforcement de la démocratie européenne; les Etats-membres doivent pleinement respecter le Traité de l’Union en nommant le Président de la Commission selon les résultats des élections européennes; les Commissaires doivent être responsables devant le Parlement, qui non seulement devrait les confirmer à leur poste, mais aurait aussi le pouvoir de les révoquer.

Cette croissance doit être créatrice d’emplois et de richesses aux bénéfices de tous les citoyens européens. Elle doit être source de progrès social et au service de la lutte contre l’exclusion sociale dans toute l’Europe.

C’est l’avenir de l’Europe qui est en train de se jouer. Une Europe qui perdrait ses valeurs essentielles – la solidarité, l’efficacité économique et la vitalité démocratique – ne serait plus l’Europe des citoyens.


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